(Fight The Power)

Souvent on n’me prend pas au sérieux quand j’dis que le hip-hop est un mouvement de paix. Et pourtant, c’est bien ce qu’il représente pour moi.

Le 3 décembre 1983 mes parents étaient à Paris pour accueillir les marcheurs, les fameux qui avaient pris cette belle initiative de parcourir la France en marchant contre le racisme, pour l’égalité, avec en tête Toumi Djaidja. Et même si je n’étais pas encore née, mes parents l’ont fait pour justement, que leurs enfants n’aient pas à subir c’qu’ils ont subi à leur arrivée en France : le racisme. Cette marche était partie d’une nième bavure policière. Déjà à l’époque… 

Alors oui le racisme on m’en a vite parlé. J’ai compris que nous, français avec des origines africaines, de façon générale, on avait un truc qui dérangeait les français « sans origines ». Je mets les guillemets parce que ça n’veut pas dire grand-chose mais en même temps, dis comme ça, tu m’étonnes qu’ils soient jaloux ! #LoL

Fin bref, y a presque 40 ans on se battait pour prévenir les dégâts. 40 ans quand même ! C’est chaud…

Alors tu t’doutes, l’éducation c’était pareil : halte au racisme, pas d’ça chez nous ! J’sais pas toi, mais chez moi on apprenait les valeurs surtout par la musique. J’te passe tous les CDs que j’ai entendu et j’en viens direct à celui qui m’a le plus marquée (devine quel genre de son c’était !)

Un jour, mon père, qui m’a initiée au hip-hop de base, me parle d’un certain groupe appelé Public Enemy. Il les admirait parce que ce groupe d’afro-américains avait eu le culot de faire une chanson avec pour refrain « Fight The Power ». Comme à 8 ans je ne comprenais rien à l’anglais, il me racontait ce son comme une histoire. L’esclavage, les injustices, un système ingrat… Je ne sais pas comment cette histoire a résonné dans ma tête mais en tout cas j’en ai gardé l’écho. Et ma passion pour le hip-hop fût…

Et puis j’étais intriguée. J’voulais comprendre pourquoi cette chanson et ce mouvement avaient tant parlé à un immigré marocain arrivé en France dans son adolescence (je précise que la madré c’est la même histoire mais algérienne, pas d’jaloux !)

Elvis was a hero to most but he never meant shit to me.

Et là j’ai compris. Immigrés, enfants d’immigrés… on a nos origines, notre culture qu’on doit adapter à notre pays d’accueil, la France. Évidemment, c’est pas ça le problème. Le problème c’est que malgré notre bonne volonté – et oui, je peux t’assurer que les gens voulaient faire les choses bien – on était différents. Des étrangers. La culture française a ce qu’elle a de bon et on ne crachera jamais dessus. Mais ça ne nous parlait pas. Parce que c’était purement français et ça ne prenait pas en compte nos « différences ». Alors forcément, quand tu entends, outre atlantique, que des gens se battent pour être reconnus pour ce qu’ils sont, qu’ils mènent tout un mouvement derrière eux et qu’en plus ils font ça en s’amusant… forcément tu t’y retrouves. Paix à ton âme Johnny, mais j’avoue, j’me demande encore qu’est-ce qu’elle avait ta gueule.

What we need is awareness, we can’t get careless.

Public Enemy c’était l’initiation, le reste s’est fait à base d’IAM. Déjà c’était plus simple pour me faire comprendre les textes mais aussi parce que tonton AKH faisait des références que je ne connaissais pas et qu’il fallait que je cherche à comprendre par moi-même. Il disait que la situation des banlieues n’était pas un rêve et qu’il fallait voir plus loin pour faire la diff’, que rien ne sert de courir… Alors crois-moi les parents ils étaient contents d’avoir un porte-parole comme ça ! 

Et moi j’étais contente de voir que ce qui unissait ces gens, ce qui les avait poussés à voir les choses autrement et à rendre à la communauté (on reprend les termes d’un autre géant du hip-hop français, Solo) c’était ce mouvement. Mouvement né on n’sait pas exactement quand mais on sait pourquoi : Peace, Love, Unity and Having Fun.

Oui, le hip-hop est né d’une crise sociale. Oui le hip-hop avait pour but de rassembler les gens pour s’amuser en paix, entre eux. Oui le hip-hop était un détournement aux gangs. Oui, le hip-hop était un moyen d’éduquer les gens sur la vraie vie des ghettos. Oui, le hip-hop est un mouvement de paix. Oui, j’y crois et je te l’prouverais.

My beloved let’s get down to business. Mental self-defensive fitness.

La suite au prochain chapitre, Maggle.

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