– DJ Cut Killer – Ultimate Part

On s’était arrêtés sur « et de là, on crée quelque chose » … Et ce quelque chose a fait boom, obviously ! Ces pionniers ont fait un truc de ouf par kiffance et nous aujourd’hui on consomme en abondance – susu la rime ! J’veux dire que, toi-même, quand tu t’lances dans un truc et qu’tu vois que ça t’apportes rien, tu t’arrêtes, pas vrai ? Alors que eux, ils ont juste kiffer ensemble, ils se sont faits kiffer ensemble aussi, avec leur cagnotte bricolée (#LoL), et regarde où ils sont ! C’est pas une « dinguerie », comme dirait la légende ? Attends, viens on finit notre discussion avec lui et après on discute tranquille, ok ? Ok.

>> La génération 2000, ça y est. On a déjà l’industrie musicale qui a compris qu’il fallait du rap, y a des ventes qui se créent, y a des jeunes qui écoutent. Et puis à l’époque le CD explosait donc tout le monde achetait ou tout le monde volait, ça change rien, puisqu’en termes de vente même si c’est volé, c’est compté. Donc au final, on a une industrie qui fonctionne [surtout grâce aux vols xD]

De 2000 à 2010, on est plus ou moins établis mais pas dans les grandes institutions comme Les Victoires De La Musique. Y a une section urbaine mais c’est pas considéré comme un musique faisant partie intégrante de la variété française. Donc de 2000 à 2010 on a imposé en volume de ventes assez d’intérêt pour dire voilà, on rappe plus pour dire qu’on existe, on rappe pour dire qu’on va commencer à se faire de l’oseille. Parce qu’on est établis [ça veut dire qu’on aurait jamais dû s’établir, Maggle ? Non mais parce que là des sons qui font l’apologie de l’oseille, y a que ça !]

De 2010 à maintenant, ça y est c’est établi, on fait partie du mouvement culturel français sauf que le mouvement hip-hop, lui, n’existe plus [mon coeur a chaviré sur ces paroles :(] pour plusieurs raisons : chacun a pris sa direction et on a plus besoin d’avoir un mouvement pour pouvoir exister. Le rap il fonctionne tout seul. La danse elle galère mais y a des grosses marques qui vont créer des championnats du monde [viens on crée notre marque et notre festival alors !], les graffeurs, à force de se faire tabasser, défoncer – parce qu’ils [les salauds] ont créé des brigades métro, brigades de trains, brigades spéciales anti-graffiti dans toutes les villes de France – ils se sont dit : aux Etats-Unis y a des gars, notamment Basquiat, qui sont dans des galeries, donc on va aller dans des galeries aussi [bah ouais tant qu’à faire !]. Donc chacun a trouvé son petit cocon. Les DJs, nous, on avait notre DMC. On était d’abord derrière les rappeurs et après on a imposé le fait d’être devant, même si ça a toujours été dur de s’imposer devant. C’est ce que j’ai fait moi quand je me suis dit à un moment donné si les rappeurs ils ont plus besoin de nous nous aussi on a plus besoin d’eux [et bim dans vos dents les rappeurs ! Comment ne pas mettre un tel élément en avant ? Dinguerie ! haha j’rigole toute seule pardon, on reprend] Donc on a créé aussi une directive. Pourquoi le mot hip-hop n’existe plus ? parce que y a plus besoin finalement ! Parce que tu regroupes pas tout finalement. Quand tu vois la danse, t’as les DJ et les danseurs, quand tu vas à un concert de rap, tu vois les rappeurs, avec ou sans DJ. Et puis des fois quand ils sont en mode [vraiment en mode] notamment comme NTM ou même IAM, anciens danseurs, ils mettent des danseurs aussi [et le DJ d’IAM est toujours là sur scène, immortel, tel une momie #Kheops].

Mais y a un moment donné la nouvelle génération elle dit « Maaiiiis vazy j’ai pas besoin d’être danseur et j’ai pas besoin de DJ. J’vais faire moi-même, tout seul. » C’est normal ! De 2010 à 2019 on est sur une génération ça va super vite avec internet et finalement cette jeune génération, elle fait comme nous, elle fait dans l’instant [sauf que l’instant n’est pas le même à 30 ans près hein…] Nous on a des références, y en a qui vont kiffer plus le rap américain et d’autres plus le rap français. Et plus ça va et moins on a besoin des américains dans le game du rap français [bah tant mieux ! Ça veut dire on a de la personnalité un peu, Maggle 😉

2010 à 2019, les gamins, eux, ils ont plus besoin de références parce que même le gamin qui est dans l’immeuble d’à côté il rappe. Donc les références sont plutôt à côté, on va pas aller chercher [pour ça que la nouvelle génération ne sait pas ce que “digger” veut dire ? I wonder]. Et on avait le grand du quartier à l’époque qui était rappeur genre Sefyu, Rohff, qui a quitté le quartier, qui est plus revenu [si, Sefyu il revient à la maison, crois moi.] Aujourd’hui tu fais du rap aussi rapidement que tu peux parce que la nouvelle technologie fait que tu peux faire ça chez toi. T’as plus besoin d’aller en studio, t’as plus besoin de savoir qui est qui, t’as juste besoin de savoir qui défonce plus que qui et t’as internet donc tu vas voir que les nouveaux. [Là il parle comme s’il était de la nouvelle génération xD] Pourquoi voir l’avant ? Avant ils parlaient que de société mais nous la société on s’en bat les biiiiip ! Nous c’est générationnel, c’est de l’entertainment, on dit ce qu’on veut, on veut faire de l’oseille. Pas besoin d’avoir des référence #OldSchool. On s’en bat les biiiip ! Y en a un autre qui vient de faire un million, moi je veux faire comme lui…

Tu vois ce que je veux dire ? Donc du coup va expliquer à un gamin « oui mais tu sais pour arriver à ça y’a eu ça » … <<

[Là c’est moi j’reprends la parole] Henlala, tu rends comptes de ça ? Ça veut dire quoi, on lâche l’affaire on arrête de s’intéresser à l’histoire de notre mouvement ? Mais t’es malaaaade ! Jamais, Maggle, jamais ! Il a rajouté « on donne à manger à une génération qui est éduquée avec internet, ça fait partie de l’évolution » Bah quoi, nous aussi on est sur internet, on peut les nourrir ! Ils vont bien finir par trouver le chemin jusqu’ici. D’ailleurs, toi d’la nouvelle génération qui passe par là, t’es l’bienvenu ici tu sais ? #check

Quand j’te dis qu’on a discuté des heures… J’mens pas. Je trouve ça tellement dingue qu’aujourd’hui on puisse encore avoir des témoignages pareils. Et j’en suis encore plus fière quand je pense à Lionel D qui vient de nous quitter et avec qui j’aurais tellement, mais tellement, voulu discuter du sujet. On ne peut pas tout simplement se dire que l’heure est à l’oseille donc f*ck l’histoire. Au contraire, on doit se dire que notre mouvement est lourd et pourtant tout jeune donc on peut revenir aux racines easy. See what I mean?

Comme disait Cut lui-même, bien qu’on soit dans une société de consommation pure et éphémère comme jaja – bah ouais, les artistes de cette nouvelle génération durent pas longtemps sur le marché hein – les jeunes quand il voit un mec comme lui toujours dans l’game forcément ça les intrigue. Genre, comment le gars a commencé il y a 30 ans et est toujours là alors que moi j’ai commencé y a 6 mois et on m’oublie déjà… Fin ça risque d’être complexe comme réflexion j’avoue, mais imaginons tout le monde est doté d’une réflexion un minimum censée, si les bébés qui font le game maintenant pensent comme ça, un moment ils essayeront de comprendre d’où vient l’essence d’une telle légende. Et ils tomberont sur nous. T’as compris ?

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Toujours dans l’idée de l’éphémeurisme (call me Ségolène Royal), la groooosse diff’ entre maintenant et avant – zaama c’était y’a longtemps – c’est le support de la musique : « avant on avait des CDs, des vinyls, des cassettes, donc on garde une trace ». Mais aujourd’hui on a quoi ? Des nombres binaires, Maggle ! Une app, sur un écran coloré qui peut disparaître dès que ton écran veut plus s’allumer, on qu’on te l’vole haha ! Cette app elle garde tous les sons qu’tu sauves, mais si un jour elle crash, ah bah a pu. A pu rien du tout. Pour autant, est-ce que le streaming a tout gâché ? A discuter.

« On est pas pris au sérieux comme aux US ». Bah forcément ! Quand un Diddy monte des business avec tant de charisme et qu’à côté on a un Booba qui a des business mais qui démontre aucun principe – ou tu vas m’dire qu’il a des principes… mais comme le scandal fait plus vendre, forcément… – bah le gamin français il va pas respecter ses aînés hein. Imagine si un Oxmo, en plus d’être le meilleur rappeur – oui, je maintiens – il nous vendait du rêve comme un Diddy ou DJ Khaled ? J’te promets que toute la jeune génération chercherait à devenir poète ! Donc bon, à qui la faute ?

Après cette discussion, j’ai revu la légende parce que je suis trop géniale donc je suis invitée à tous ses events #joke ! Je l’ai revu lors d’événements, ça c’est vrai, où j’étais invitée, ça c’est vrai aussi, mais pas parce que moi je suis géniale, mais nous, on l’est. Le projet du blog a son importance et c’est répondre justement à tous les arguments qu’on vient de discuter avec lui, notamment : l’éducation. C’est pas parce que c’est pas dans les livres d’histoire (encore) qu’on doit se dire que le hip-hop n’est plus. Je refuse. Quand j’étais au New Morning en juillet, avec Cut – ouaiiis j’me la pète quand même un peu, laisse moi – c’était en comité réduit (comparé à la population du VIP Room j’veux dire) et j’peux te dire que les gens étaient littéralement heureux de gigoter (tout le monde n’a pas le rythme hein) sur des sons old school. On voyait tous les connaisseurs, anciens ou moins anciens, s’enjailler sur les samples que Cut et Sims Samples balançaient. C’était magique. En plus d’être invitée – hahaha ça vaaa j’rigole !

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Et puis là, tel un FlashBackFriday, je réalise seulement que la semaine dernière j’étais invitée à l’after party de DJ Snake – j’ai mis du temps à m’en remettre, sorry. Donc j’étais là bas, grâce à Cut, pour profiter de la soirée de son poulain. C’est pas dingue ça ? J’voulais revivre une soirée où Cut était aux platines pour documenter cette ultimate part. J’ai finis derrière la scène à parler avec des gens bienveillants.

Alors, tu veux bien, on reprend les bases du hip-hop. Répète après moi : peace, peace, love, love, unity, unity, & having fun, & having fun… J’sais pas, c’est pas clair ? C’est mon résumé de la semaine dernière – même si certains diront que j’avais l’air au bout d’ma vie xD

Donc pour répondre à ma propre question, à qui la faute : faute à ceux qui n’ont pas su transmettre les valeurs du mouvement comme Cut Killer l’a fait avec Snake. Faute à ceux qui ont avancé sans se soucier de transmettre à la génération qui a suivi, en d’autres termes. L’esprit hip-hop c’est un truc qui dépasse le genre musical, c’est un art de vivre. Et quand on a compris ça, on n’peut pas ne pas vouloir s’y intéresser de plus près. Impossible. Même Cut l’a dit : « une fois que j’étais piqué, j’ai plus lâché ».

Peace

PS : en vrai à la fin de notre rencontre il m’a démontée ! Et il m’a boostée. Pour ça que je suis toujours là, pour ça que y a un logo, pour ça que j’ai pu contacté Paris Hip-Hop, pour ça que je garde contact avec lui et surtout pour ça qu’on ira loin Maggle. C’est en restant soudés qu’on va faire boom. Si on peut partager à un, on peut partager à 10, parole de légende 😉

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