– DJ Cut Killer – Part 1

Kek part le 10 juillet 2019. Nana rencontre Monsieur Cut Killer. Depuis, plus rien n’est pareil ! #LoL

Comment te dire. Dans le chapitre 6 j’te le présentais déjà comme le président du hip-hop en France. Celui qui a apporté le concept de la mixtape (qui vient des États-Unis, obviously), une fibre business au mouvement en France. Un DJ plus que DJ car véritable ambassadeur du mouvement. Celui qui, avec la scène mythique de La Haine devient l’idole de plein de futurs petits DJ. Je dis petits car même si certains de ses poulains sont géants aujourd’hui, c’est lui qui a pavé le chemin et rien que pour ça, il restera plus grand que tous. Ce n’est que mon humble avis mais j’suis sûre que t’es d’accord avec moi, pas vrai ? DJ. Cut. Killer. Je ne saurais dire pourquoi j’ai tant de respect pour lui, mais c’est sûrement parce que le gars a prouvé que croire en un mouvement ça peut mener loin. En gros, quand t’es piqué, t’es piqué, Maggle ! 

Donc un jour j’me dis vas y meuf, contacte-le ! Forcément qu’il aura des choses à t’apprendre et puis s’il est vraiment hip-hop de culture, il respectera ton intérêt. Chose pensée chose faite. Et… Pas de news. Wallouuu, tel un vent dans ma face. Mais oh ! T’as cru on baissait les bras comme ça chez nous ? Évidemment, je relance. Et là, et là ! Et là les chose s’enfilent et on convient d’un rdv de dernière minute, un mercredi aprem ou clairement il me dit “ça a l’air technique ton truc, ça va prendre du temps ? » loooool noonn ça va nous prendre 10 minutes t’inquiète… Ça c’était le premier d’une série d’autres coups d’pression qui arrivent dans notre échange. Tu vas rire ! J’te laisse savourer la première partie qui, entre nous, avait déjà dépassé le temps annoncé.

Première chose, je lui présente notre projet :

Je suis née en 90, donc j’ai pas eu la chance de connaître le hip-hop dans les années 80 (“c’est pas de ta faute”, qu’il me rassure) mais j’y baigne depuis toujours.

Grace à ? [là déjà c’est plus moi qui pose les questions…]

Grâce à mon père, entre autres, qui m’a fait écouter IAM, Public Enemy… et après, malheureusement c’est un peu cliché, mais de là d’où tu viens : quand tu viens de banlieue tu baignes dedans.

Mouais. Fin’ ça fait pas cliché hein.

On va dire que c’était plus facile d’écouter du rap, que ce soit US ou français, dans les banlieues que…

Non [catégorique, je précise] Ça dépend des cultures. Parce que les blacks américains ils étaient plus dans la soul-funk, donc ils étaient plus à même d’écouter tout ce qui est Rhythm & Blues que Rock blanc. Et nous (les français d’origines étrangères) on a plus cette culture, en tout cas chez les rebeus [entre nous, jamais su si on mettais un “s” ou un “x” à rebeu au pluriel, mais on s’en fout c’est pas le sujet #MDR], même chez les renois [là c’est un “s”, c’est sûr], d’écouter de la musique de chez nous et en même temps quelque chose qui nous représente plus : donc en général funk/soul, la base.

Par exemple, dans les années 90/2000 j’écoutais plus du hip-hop et R&B grâce à mon environnement car c’est tout ce qu’on entendait.

Parce qu’on a travaillé pour. La génération d’avant on a travaillé pour que les jeunes aient une directive, c’était ça l’idée [tu vois, même lui il assimile ça à la politique ! #LoL]

Mais Merci ! En tout cas vous avez réussi parce que le hip-hop c’est vraiment quelque chose qui me passionne en termes de culture et qu’aujourd’hui j’ai l’impression que c’est perdu.

Non, je ne suis pas d’accord avec toi [la mise à l’amende commence, je me suis demandée s’il allait dire non à tout ce que je dis, après j’me suis rappelée d’ses origines et j’ai compris #joke]

Mais parce que toi tu connais le milieu et t’es un passionné comme moi et que tu es complètement dans l’industrie. Mais si j’te présente ou de gens d’mon âge ou ceux qui ont 20 ans aujourdhui… alors #hiphop déjà c’est une catégorie de musique.

C’est pas hip-hop c’est rap.

On est d’accord, je te parle comme ils parleraient. Ils réduisent ça à rap, ils savent même pas que c’est une culture à la base.

Non, c’est normal, c’est la jeune génération, ils sont liés à internet, ils ont pas le temps. Comme un petit là qui vient d’arriver, qui fait une interview et qui dit “mais c’est qui IAM ?” [j’te présente plus cette punchline, on sait tous qui a dit cette chose absurde, ça serait pas l’aider que de citer son nom encore] Les jeunes ils sont en désordre. 

Et puis on avait déjà tellement parlé, en vrai, que là on s’est dit, bon ok, viens on pose les questions et ensuite on s’étalera.

So, toi, DJ Cut Killer, quelle est ta définition du hip-hop ?

À la base c’est un mouvement culturel aux États-Unis, qui a grandi parce que dans les ghettos, notamment dans le Bronx au départ, y avait tellement d’embrouilles et de meurtres et de drogues que pour sortir du créneau, puisque la disco était bien predominante à l’époque, un DJ, qui s’appelle Kool Herc [mais, mais, mais ! Je t’en ai pas déjà parlé, Maggle ?], il s’est dit tiens je vais essayer, parce que je suis bon en technique, de reprendre les breaks de batterie de disco-funk pour essayer de se réapproprier en fait une espèce d’ambiance musicale et faire différent. Ils avaient pas d’instruments de musique, ils avaient pas de sampleurs… etc, et du coup à l’époque la meilleur manière c’était de pouvoir avoir ce break de batterie, avoir quelque chose de beaucoup plus rythmé et de là, des MCs, des maîtres de cérémonie, qui sont à la base, comme nous à l’époque dans les années 70, des DJs de boîte de nuit « eh bienvenus ce soir… » [difficile de reproduire exactement le ton à l’écrit, mais j’ai tapé une barre xD] sauf que eux ils ont une manière beaucoup plus intéressante, plus stylée de le faire. Puisqu’au départ au lieu de sortir des phrases de manière normale, ils ont sortis des rimes et les rimes c’est devenu du rap. De là ce mouvement a été créé avec une espèce d’essence, avec la manière de s’habiller – parce que y avait pas les moyens donc ils ont inventé un style. En disco ils étaient vraiment en mode énervé donc avec les moyens du bord on a créé un autre style qui va être défini comme hip-hop [le B-Boying !] Et la danse aussi. Parce que même dans les années 60, les danses étaient prédominantes avec la musique, donc y a une danse qui a été inventée aussi avec ce style là. Et en fait cette culture elle a commencé à grossir parce qu’ils voulaient simplement s’en sortir dans le sens où, à partir du moment où quand tu sors de chez toi, c’est la guerre, officiellement, il fallait qu’à l’intérieur, avec. des soirées appart’ au départ et après des block parties, essayer de penser à autre chose que la galère. Et si possible, si socialement parlant on pouvait parler de manière plus fun de ce qu’il se passe dans la rue et puis essayer de donner des directions, ça pouvait être pas mal. Le mouvement il a été créé comme ça. Et après s’est associé le mouvement de la Zulu Nation avec Afrika Bambaataa qui s’est dit on va essayer de créer une espèce de petite communauté à l’intérieur avec des pôles de directions genre des zulu kings et des zulu queens qui vont essayer de faire en sorte que leur quartier soit beaucoup mieux structuré parce qu’on fait de la merde, on s’entretue encore… Et c’est comme ça que nous on a commencé à comprendre c’est quoi cette culture. En tout cas en France. Et on s’est dit mais c’est quoi ce truc là, ils dansent parterre, ils sont habillé, la musique elle nous parle… Parce que même si tu comprends pas au départ l’anglais, tu essayes de savoir ce que ça raconte et effectivement ça parle social. Et socialement parlant aux États-Unis comme en France apparemment on avait des similitudes. Donc de là, on rentre dedans. Le mouvement hip-hop s’est créé comme ça. Et nous quand ça arrive ici, bah on copie hein. On fait du copier-coller mais avec notre culture et notre génération : on voit qu’on a des similitudes avec les ghettos de là-bas. Bon, y a beaucoup moins de meurtres mais y a quand même beaucoup de violence. Et on reprend ces codes là, comme ça. C’est comme ça aussi que le rap en France est né. Dans ce delire là. Avec quand même deux rappeurs Jhonygo & Destroy Man, et des blancs : Nec + Ultra, qui rappaient super bien d’ailleurs. Avec Sheek en beat box [trop de noms d’un coup mais t’inquiète, j’vais pas t’laisser dans l’ignorance comme ça ;)] et donc du coup on a commencé à voir les prémices, avec Dynasty [tontonnnn ❤️] qui est le premier DJ qui met en mode ce délire, avec Sydney, où on se dit “ah ouais y a vraiment quelque chose !” C’est comme ça que je définirais le hip-hop, moi, comment je l’ai connu.

Alors, t’as compris sa définition ? Ou t’es encore mort de rire de comment il me cassait à chaque fois ? #LoL la vérité, j‘ai adoré. Parce que ça c’est que le début ! Le début début début. La suite est plus folle, plus marrante et encore plus surprenante. Un avant goût :

Et toi justement tu es rentré dans ce mouvement en tant que DJ… [j’ai pas fini ma phrase que…]

Donc toi déjà t’as fait tes devoirs…

Comment ça j’ai pas fait mes devoirs ? Suite du coup d’pression dimanche pro, Maggle !

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