(August 11, 1973)

Bon la vérité j’voulais qu’on décortique mon café avec Rocé, toi et moi, pour voir ce qu’il faut en retenir, challenger, toussa toussa. Mais en fait je vais faire une parenthèse parce qu’y a truc de fou qu’on doit discuter d’abord : The Hip-Hop Anniversary. L’anniversaire du hip-hop pour les (vraiment) pas bilingues.

Obligé t’as dû voir des photos ou des posts dimanche sur ton insta de macrelle (c’est affectueux ;)), non ? T’as rien vu ? J’te crois pas mais on va faire comme si : hier, dimanche 11 août, marquait les 46 ans de c’qu’on appelle aujourd’hui la culture hip-hop. Alors forcément, y en a qui diront que non, c‘est après, non c’est avant. Blablabla. Évidemment une culture c’est difficile à dater d’autant plus que le hip-hop ça vient d’la rue, là où l’administration n’était pas trop présente si tu vois c’que j’veux dire, et ça rassemble 4 disciplines majeures (5 si on compte le beatboxing). Tu te doutes bien que 4 artistes avec différents talents ne se sont pas concertés à une date précise pour déterminer ce que le hip-hop est aujourd’hui. Mais j’veux quand même qu’on s’intéresse à cette date car tu vas en apprendre beaucoup.

Sooooo. Il s’est passé quoi le 11 août 1973 ? Mademoiselle Cindy Campbell veut arriver à la rentrée (de septembre, hein) comme la plus fraîche de son école. Mais pour faire ça, faut qu’elle aille acheter sa tenue loin du Bronx pour éviter de se retrouver avec le même attirail que ses camarades de classe (moi, quand je refuse d’aller à H&M). Du coup elle se dit pourquoi pas aller dans le Lower East Side, Manhattan, là où les vêtements sont plus chers, certes, mais moins communs. Sauf que eh, elle est pas riche la cocotte ! Et ses parents encore moins. Entrepreneuse dans l’âme – and because rien ne l’arrête – elle se dit que peut-être elle pourrait faire une soirée, dans son building, avec entrée payante, pour marquer le retour à l’école. Maman fera à manger, papa ramènera les boissons et jackpot ultime, grand frère s’occupera de la musique… Et qui est Big Bro ? Le premier DJ reconnu comme the Father of Hip-Hop ? Je t’en ai parlé dans le Chapitre 5DJ Kool Herc !

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Un genre de flyer #LOL Photographe inconnu

August 11 1973, at 1520 Sedgwick Ave, Bronx – Back to School Party. Et pourquoi cette soirée a été ouf ? La cover n’étant pas chère (vraiment pas !), y avait un monde fou (300 personnes, ce qui est ouf pour une mini salle dans un building “HLM”) et c’est là que DJ Kool Herc a créé ce qu’on appelle aujourd’hui le DJing. Bon, DJ existait déjà, mais là il crée la discipline DJ vision hip-hop. Il crée ce qu’on va appeler le Merry Go-Round ou breakbeat. Et là tu m’regardes en mode, c’est quoi comme concept ça encore ? Bah en fait c’est un concept que tu connais : table de mixage, deux vinyles identiques et je fais en sorte de rejouer une partie spécifique de la chanson en continu. Ouais ouais, t’as vu, pas compliqué ! En gros, il voit que les gens s’enjaillent à un moment précis – t’sais y a toujours un moment dans les clips où la chanteuse elle arrête de chanter et elle se met à danser sur l’instru, check les clips de J-Lo. Et bah à ce moment là, the get down, DJ Kool Herc remarque que ça crée une ambiance de folie et que les breakers sont à leur summum. Donc il se dit “mais frère, j’vais continuer à les faire kiffer avec mes breakbeats !” et la soirée est ouf. Tout simplement. En plus, il ramène un concept de Jamaïque (ouais, un immigré encore) qui est le toasting. Attends j’t’explique tu vas rire. C’est quand le DJ, au moment où justement il ne met que de l’instru en continu, fait des blagues, ou parle en rythme, raconte sa life, c’que tu veux, en tout cas il parle (t’as compris d’où vient l’expression “faire un toast ?” je t’ai dit que t’en apprendrais beaucoup ;). Bref ce soir là c’est pas le DJ qui rappe mais son pote Coke La Rock – un homme et un microphone. Et donc on a dans un HLM un MC, des danseurs et un DJ qui met tout le monde d’accord : le hip-hop est officiellement né. Sans compter les graffeurs qui déjà s’occupaient de rendre les murs du quartiers plus attractifs. Convaincu, Maggle ?

Perso j’aime à croire qu’un événement particulier a marqué le début du hip-hop. Parce que je trouve que, comme disent les américains “looking back is a way to looking forward”. Donc en fait, le fait d’avoir un anniv’ ça nous pousse à se remémorer pourquoi cette culture est née, de quoi elle est faite, quels en sont ses principes, etc. You feel me?

Viens on se remémore vite fait. Dans les années 70 aux US, et on fera un zoom sur NYC, c’est la galère pour les afro-américains et les latinos. On les calcule pas et de toute façon ils sont bien là dans les ruines de leurs bâtiments aux 4 coins de la ville (Bronx, Queens, Harlem, Brooklyn). Ils s’amusaient quand même un peu mais dans les boîtes c’était principalement du disco – donc si t’aimais pas, ciao -, fallait payer l’entrée souvent chère, être sapé comme jaja et en plus avoir un certain âge. Et un jour t’entends y a un gars qui mixe à la base pour sa sœur et qui sait exactement de quoi tu as besoin : bim, tu kiffes ta life le temps d’une soirée et t’espères que ça ne s’arrêtera jamais. Y avait tout le “hood” de présent, peu importe qui tu étais, comment tu étais, tu pouvais venir t’amuser et découvrir une nouvelle façon de danser, chanter ou faire des sons. En gros, une nouvelle façon de t’exprimer.

C’est Fab 5 Freddy, artiste graffiti à l’époque, qui va définir comme disciplines hip-hop le graffiti, le breakin’, le DJing et le MCing. N’oublions pas le beatbox quand même.

Après cet événement, DJ Kool Herc, que personne connaissait, devient un DJ convoité tant pour des soirées underground, des block parties, que des soirées clubs. Started from the bottom now we here. Un hymne cliché double H un peu hein.

Alors évidemment, comme j’te disais là-haut, y en a qui vont contester cette date. Afrika Bambaataa, autre DJ considéré comme le parrain du hip-hop, dira que la date officielle est le 12 novembre 1974, le jour où on a donné un nom à ce mouvement. Parce que oui, Hercule il a créé le truc, peut-être, mais il l’avait pas nommé hein, donc faut pas déconner non plus ! J’rigole. Mais c’est un peu le message que font passer ceux qui préfèrent la date du 12 novembre. En plus, aujourd’hui, le mois de novembre, je sais que tu l’sais pas, c’est le Hip-Hop History Month… Alors, on soutient qui ?

On s’en fout en vrai. Ce que j’retiens et que j’veux qu’tu retiennes aussi, c’est que cet événement a fait kiffer des gens qui voulaient juste faire abstraction de leur quotidien morose, qui voulaient s’amuser sans trop en faire et qui n’avaient pas peur de se rassembler tous ensemble pour kiffer la même vibe. A l’heure où l’individualisme bat son plein… Tu vois c’que j’veux dire, Maggle ? Tu vois ou pas ? Apporter un peu de joie à une époque où la jeunesse était délaissée (j’crois qu’elle l’est toujours d’ailleurs). Le hip-hop a apporté créativité, diversité, inclusion, la pêche quoi ! Un mouvement politique sans politique, dont le slogan reste : Peace, Love, Unity & Having Fun!

Donc ma vraie question c’est, merci qui ? Merci à qui d’avoir eu une envie de luxe ? D’avoir eu une idée géniale de throw a party ? Merci Cindy et ce sera tout.

Ah non, en vrai on finira sur “the land of the ghetto into the land of myth and the future”. A méditer.

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